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Café-socio : Démocratie et égalité

Dès les prémisses de la discussion, la définition de la démocratie s’est posée. Est-elle un mouvement ou un état immuable ? En fonction de la perspective adoptée, sa relation à l’égalité se modifie. Dans la démocratie sous forme d’état immobile et immuable, l’égalité devrait être une condition sine qua non, alors que le mouvement permet de penser l’égalité comme un but à atteindre dans le processus démocratique. En effet, en démocratie, des luttes citoyennes et civiques peuvent s’organiser pour parvenir à plus d’égalité de droits.

Les origines de la démocratie ont été évoquées avec la Grèce ancienne et le paradoxe de son état esclavagiste. Comment parvenir à un Etat démocratique reposant sur l’égalité, alors que le système de domination esclavagiste est en place ? Dans cette perspective historique, la France a, elle aussi, mis en place ses Républiques et institutionnalisé la démocratie sur des périodes d’esclavagisme et de colonisation. Il est également important de discerner république et démocratie, qui vont ensemble en France. De plus, la démocratie a longtemps été ajournée par des retours d’Empire et des Révolutions qui n’ont pas donné lieu à des périodes de stabilité politique.

A partir de ces cas, et en élargissant à d’autres formes démocratiques mondiales contemporaines, comment définir la démocratie et sur quels principes la faire reposer ? Autrement dit la séparation des pouvoirs (Montesquieu), la liberté d’expression, le droit de vote sont-ils des critères suffisants pour parvenir à une démocratie, sur le modèle de celle établie en France ? Doit-on y ajouter les conditions d’éloignement du divin du domaine politique, la richesse d’un pays, son nombre d’habitants ou encore le tirage au sort plutôt que les élections ?

Tous ces questionnements permettent de réfléchir à la dimension universelle, voire universalisable de la démocratie. Plusieurs formes existent dans le monde, de la démocratie chinoise, à l’iranienne en passant par l’indienne ou l’islandaise. Si nous pensons ces différentes formes en fonction de celle que nous avons en France, nous risquons de tomber dans l’ethnocentrisme. Il est alors important de choisir sur quels critères, quelles variables établir une comparaison pour tenter une définition (qui reste à établir). De plus, dans cette question d’universalisation de la démocratie, on retrouve l’idée – abordée lors de précédents café-socio et que l’on tente de remettre en question - d’un couple égalité-similitude opposé à celui d’inégalité-différence.

Finalement, la discussion a abordé la question de la représentativité et de la participation des citoyens au sein de la démocratie, pensée comme un système dans lequel chacun a le droit de s’exprimer et de faire entendre son opinion. Ainsi, si la représentativité est le fait de déléguer le pouvoir des citoyens à un élu le temps de son mandat, comment parler d’égalité et de démocratie ? Et comment se choisissent les citoyens qui pourront s’exprimer par le vote (puisque les femmes ont longtemps été exclues – 1944 : droit de vote en France hexagonale et 1958 pour les femmes « françaises musulmanes » en Algérie, colonie française - ainsi que les étrangers ou les mineurs) ?

Selon la perception de la place du citoyen et d’un fonctionnement sociétal, les deux dimensions de la démocratie, représentative et participative, s’expliquent. D’une part, si la position d’un leader est pensée comme nécessaire, si la hiérarchie d’une société est acceptée, alors la démocratie représentative, en ce qu’elle prend en compte le citoyen qui s’en remet ensuite à son représentant, est admise. Néanmoins, lorsque la forme démocratique est pensée comme évolutive et le pouvoir de décision détenu par ses citoyens, la participation est de mise. Dans ce cas, il est nécessaire de réfléchir à la socialisation des citoyens, à travers des formes d’éducation afin de limiter les reproductions sociales des inégalités et l’influence des médias.


Pour aller plus loin dans la réflexion :

- Union interparlementaire (www.ipu.org) et la déclaration universelle sur la démocratie (http://www.ipu.org/cnl-f/161-dem.htm)

- Une citation de Jean-Jacques Rousseau, Le contrat social, Livre II, chapitre XI (Liberté et égalité) : « A l’égard de l’égalité, il ne faut pas entendre par ce mot que les degrés de puissance et de richesse soient absolument les mêmes, mais que, quant à la puissance, elle soit au-dessous de toute violence et ne s’exerce jamais qu’en vertu du rang et des lois et, quant à la richesse, que nul citoyen ne soit assez opulent pour en pouvoir acheter un autre, et nul assez pauvre pour être contraint de se vendre ».

- Alexis de Tocqueville : « Les français veulent l’égalité dans la liberté et s’ils ne peuvent l’obtenir, ils la veulent encore dans l’esclavage. »

- Jean Cocteau : « La France a toujours cru que l’égalité consistait à trancher ce qui dépasse. »

- Charles de Monstesquieu : « L’amour de la démocratie est celui de l’égalité. »

- Sur deux conceptions de l’Etat-nation : Schnapper, Dominique. La communauté des citoyens (l’Etat-nation est défini en premier par la citoyenneté politique) et Anderson, Benedict. L’imaginaire national (la nation est définie par la construction d’un récit national évolutif).

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